Pouvoir et impuissance poétiques : éléments de comparaison entre Pindare et Horace
Résumé
Les séquences réflexives de contenu métapoétique dans lesquelles le poète parle de son inspiration, de sa façon de faire de la poésie et des objectifs qu'il attribue à son art, semblent gagner en profondeur critique ce qu'elles perdent en force illocutoire. L'enjeu de cet article consistera cependant à dépasser l'opposition apparente entre la thématisation du pouvoir de la poésie et son exercice effectif. Nous voudrions montrer que même lorsque la parole poétique se penche sur elle-même, elle est toujours, et peut-être plus que jamais, un acte de pouvoir ; loin que la réflexion suspende l'emprise illocutoire du poète sur son auditoire/lectorat, elle participe activement à sa force et à son originalité. Si les déclarations en première personne des poètes grecs archaïques n'entrent pas dans la catégorie moderne de la subjectivité telle que décrite par Hegel 1 , elles font toutefois souvent référence à l'intimité poïétique de l'oeuvre, à son modus operandi ou à sa vocation, mettant en lumière sur le devant de la scène les coulisses obscures de sa composition. Nous tenterons d'abord de cerner quelques caractéristiques textuelles de passages choisis sur les thèmes antithétiques du pouvoir et de l'impuissance poétiques chez deux auteurs lyriques qui en ont fait un usage particulièrement intéressant : Horace et Pindare. Mais nous défendrons surtout l'hypothèse qu'il est possible de mettre en scène l'impuissance de façon tout à fait éloquente.
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