C. Noille-clauzade and «. Le-pouvoir-de-la-voix, rhétorique de l'énonciation et statut de la fiction dans l'écriture des contes de fée à la fin du XVII e siècle », dans A. Defrance et J.-F. Perrin (éd.), Le Conte en ses paroles. La figuration de l'oralité dans le conte merveilleux du Classicisme aux Lumières, pp.76-77, 2009.

. Du-drame-le-conte-des-frères-grimmdornröschen-)-qu-'il-emprunte-la-scène-du-baiser, . Également-absente-de-«-la-belle, . Au-bois, and . Dormant, Ce conte, qui reprend la première partie du récit de Perrault, propose en effet une variation sur l'éveil de la Princesse Là où, chez Perrault, le prince s'agenouille et assiste à son éveil programmé 95 , chez Grimm, « il se pencha et lui donna un baiser » : « Aussitôt que ses lèvres l'eurent effleurée, Rose d'épine ouvrit les yeux, se réveilla et le regarda très gentiment » ([?] und er bückte sich und gab ihm einen Kuß Wie er es mit dem Kuß berührt hatte, schlug Dornröschen die Augen auf, erwachte, und blickte ihn ganz freundlich an) 96 . Cette greffe permet à Walser de fondre deux contes de prédilection, mais elle se redouble d'une inversion, puisque dans cette variante inédite c'est Blanche-Neige qui « enflamme » (feuert) le Prince de ses baisers et non l'inverse. La connotation passionnelle et érotique du verbe suffirait à modifier la perspective, mais l'échange des acteurs contribue in fine à poser comme hypotexte un hybride étonnant, ne renvoyant ni à Blanche-Neige, ni à Rose d'épine, mais plus probablement à un épisode des aventures de Psyché telles que les relate Apulée dans L'Âne d'or. Dans le livre VI, Psyché se pique le doigt avec l'une des flèches du carquois de son mari : « C'est ainsi que l'innocente Psyché, d'elle-même, est devenue amoureuse de l'Amour 97 . » Le narrateur poursuit : « Alors, enflammée, à chaque instant davantage, de désir pour l'Amour, elle se penche sur lui, pleine de passion, lui donne, aussi vite qu'elle peut, des baisers ardents [?] 98 . » On reconnaît là le schéma comme le lexique que réemploie Walser Ute Heidmann a mis en lumière de façon très convaincante l'écriture « palimpseste » des contes (de Perrault et des Grimm, notamment) et souligné le rôle majeur que joue le conte (fabella) de Psyché 99 Cette histoire ? dont on peut par ailleurs penser qu'elle soustend en grande partie le conte Blanche-Neige ? pourrait également avoir fourni à Walser une source intéressante. Cet épisode fort connu en effet précède immédiatement la séquence où Cupidon, brûlé par la goutte d'huile, s'enfuit loin de son épouse. L'ardeur amoureuse, loin de sceller la passion, en provoquerait la disparition, inversant la leçon du conte. La fabrique à l'oeuvre dans le dramolet en vient donc, à force de distorsions, à substituer à un référent déjà flottant (de quelle version du conte des frères Grimm s'agit-il ?) un référent multiforme. Blanche-Neige toutefois le rejette, libérant ainsi son personnage de toute attache intertextuelle. Le motif du baiser permet alors d'articuler l'hypotexte et l'ensemble de variations auxquelles il est soumis avec le dramolet qui évacue peu à peu l'histoire dont il se nourrit et en poétise les composantes majeures. C'est dans cette optique que Blanche-Neige oppose le « penser » au « sentir » 100, Mais, greffant un motif exogène dans sa réécriture des Histoires ou contes du temps passé de Perrault Pour elle, la rectitude stérile du « penser » repose sur la prévalence des « faits » et des « opinions », système à l'oeuvre dans toute une partie du dramolet, quand les personnages s'avisent de juger ce qu'ils croient avoir été les actes exposés impitoyablement dans le conte. En revanche, le « sentir » autorise une complète reconfiguration, qui est libération. Écoutons Blanche-Neige parlant du « sentiment » (Gefühl) : 94. Par exemple : « Ne crois pas le conte aberrant Mais le conte / le dit : moi, la Reine mauvaise, / je t'ai envoyé le Chasseur » (Das Märchen ja / sagt, daß ich schlimme Kön'gin sei, / daß ich den Jäger dir gesandt) La haine que prétend le conte » (Schönheit haßt Schönheit nicht so sehr, / wie Märchen es hier ausgesprengt), pp.18-19

«. Alors, fin de l'enchantement était venue, la Princesse s'éveilla [?] » (Charles Perrault, Contes, p. 252). 96. Contes pour les enfants et la maison, p.284, 2009.

L. Apulée, L. Âne, ». Barbe-bleue-palimpseste, and U. Dans, Je souligne. 99 Voir les chapitres « Le Petit Chaperon rouge palimpseste, Expérimentation générique et dialogisme intertextuel, pp.130-98, 1985.

C. Lui-qui-procède, dans la complexe alchimie des transmutations intertextuelles, à une structuration paradigmatique du texte, dont les fluctuations se trouvent transcendées par cette mutation

A. Bibliographie, L. P. 'âne-d-'or-ou-les-métamorphoses, . Grimal, . Paris, . Gallimard et al., Deshoulières (dir.), Effets de neige. L'épopée à l'épreuve du froid Contes pour les enfants et la maison, collectés par les frères Grimm, édités et traduits par Natacha Rimasson-Fertin, Psychanalyse de la neige Champs de l'imaginaire HARRER Konrad, Souveraineté et impuissance dans l'oeuvre de Robert Walser, pp.83-84, 1985.

«. Contacts and ». , HEIDMANN Ute, « Expérimentation générique et dialogisme intertextuel : Perrault, pp.45-69, 2008.

«. Voici-que, par une autre volte, / le Prince te rend son amour » (Der Prinz ja wieder wandte sich / von neuem dir in Liebe zu), ibid, pp.72-73

. Ces-propos-de-blanche, Neige sont à double entente Il s'agit des sens du Prince attiré par la Reine, mais le contexte autorise une double lecture (ibid, pp.40-41

. Voir-en-particulier-la-réponse-de-blanche-neige-au-chasseur, . Oui, and . Et-pourtant-non, Si j'étouffe / le oui, prompt le non redit oui » (Ja und doch nein. Erwürg' ich ja, / sagt nein mir wieder hurtig ja), ibid, pp.84-85

. Poésie, Elles visent le style et la beauté ; l'essentiel dans ce cas est le plaisir qu'on prend au livre, Elles sont accordées pour la parole et la langue, pour la mesure et le plaisir du rythme. » (Cité dans R. Walser, Blanche-Neige, 4 e de couverture, p.18

W. Robert, «. Essai, and . Hamlet, dans Sur quelques-uns et sur lui-même